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La question des Templiers à Loctudy

La "question des Templiers" [b_vill01] à Loctudy est très controversée.

L'environnement est a priori favorable à l'établissement des Templiers à Loctudy : Quimper, Penhars, Locmaria, l'Ile-Chevalier (Pont L'Abbé), Kerity (Penmarch) possèdent selon toute vraisemblance des vestiges templiers. Il convient aussi de noter l'existence de la voie romaine menant de Quimper à Penmarch, passant par Pont-L'Abbé. Les sites templiers sont plus fréquents sur les axes romains de communication. Les croix pattées, d'un usage courant au Moyen Age, ne sont pas l'apanage des Templiers.

Cependant, aucune preuve historique ou archéologique ne vient étayer l'existence des Templiers à Loctudy. L'église Saint-Tudy de Loctudy est le seul édifice qui, selon certains auteurs, présenterait sois-disant des vestiges templiers. Il n'existe pas de commanderie templière à Loctudy. Le port de Loctudy, pour autant qu'il existait à cette époque et à l'endroit actuel, a été qualifié, sans aucune preuve, de port templier.

De nombreux auteurs ont débattu de la question des templiers à Loctudy. Citons parmi ces auteurs E. du Crest de Villeneuve, A. du Châtellier, M. de la Borderie, le chanoine Peyron, l'abbé Guillotin de Corson, G.P. de Ritalongi, le Chevallier de Fréminville, Albert le Grand [b_alber01], Ogée.

A. du Châtellier, dans son ouvrage "La Baronnie du Pont (Pont-L'Abbé), ancien évêché de Cornouailles" qui parût en 1858, indique que la maison de Pont-L'Abbé prit sa véritable importance à la suite du démembrement de la puissante corporation des Templiers, et qu'elle s'éleva sur leurs ruines à l'aide des propriétés qui avaient appartenu à ceux-ci, ainsi que l'indique son nom même de Pont-l'Abbé (n_01). La paroisse de Loctudy, de laquelle releva plus tard le Pont-l'Abbé, ne fut réellement fondée que dans le XIVe siècle, après la dispersion des Templiers, auxquels l'ancienne abbaye de Loctudy, dévastée précédemment par les Normands, avait été attribuée avec ses biens, pour être constituée en prieuré de l'Ordre.

En 1894, G.P. de Ritalongi, en faveur de la présence des Templiers à Loctudy, indique que l'origine de l'église de Loctudy remonte à la fin du Ve siècle. Cette église fût reconstruite par les soins des barons du Pont, au milieu du XIIe siècle. Elle fût donnée par ces seigneurs à l'évêque de Cornouaille [Rainaud] au début du XIIIe siècle. L'évêque de Cornouaille aurait fait la donation de l'église de Loctudy aux Templiers. L'église de Loctudy serait antérieure à l'installation des Templiers : ils ne l'aurait pas bâtie mais l'aurait possédée. Le monastère des Templiers était, paraît-il, à l'Ile-Chevalier (de-là le nom de celle-ci). Ils y avaient un fief indépendant de la baronnie du Pont. Les ruines que les habitants de l'Ile-Chevalier appellent "le châteaux de Gradlon" sont, à n'en pas douter, celles d'un château élevé sur les ruines du monastère, château-fort des Templiers. Les Templiers demeurèrent à Loctudy jusque vers 1308, époque de leur persécution. Il est impossible que les barons du Pont, vers 1308, époque qui concorde avec la dissolution de l'Ordre du Temple, aient pu, sans réclamation de l'évêque, faire ériger Loctudy en paroisse et s'emparer des biens de l'abbaye. Le problème du rattachement de l'Ile-Chevalier au fief de la baronnie à la même époque est similaire.

Toujours selon G.P. de Ritalongi, certains arguments pourraient conforter la présence des Templiers à Loctudy. Les tourelles, la disposition intérieure, les sculptures, de l'église de Loctudy [Saint Tudy] sont d'un style oriental qui indiquerait son remaniement par un Ordre émigrant. Plusieurs chapiteaux [intérieurs portent sculpté] la croix pattée, dite oriental. Sur deux autres chapiteaux, on remarque deux figures d'hommes, dont celle de droite doit être un chevalier du Temple, d'après son haubert. On voit également la croix orientale des Templiers chargée d'une épée nue et la pointe en haut, afin d'indiquer qu'ils se considéraient comme les premiers défenseurs de la religion. Au deuxième pilier à droite du choeur, on voit plusieurs personnages debout et armés. Près de la chapelle St-Joseph, est un chapiteau ayant à sa base, deux fers à cheval, les croix orientales et un léopard. Ce léopard du reste, se rencontre sur plusieurs bases. A droite du même autel de St-Joseph, soutenant une petite arcade, une base de pilier est faite entièrement de croix de Malte (orientales) enchevêtrées. A côté, est la chapelle du Sacré-Coeur avec son autel en granit, aux armes des comtes de Penfenteunyo de Kervéréguin. La base d'un des piliers de cette chapelle offre deux personnages dans une pose inconvenante, image de l'impureté. La façade de l'église, refaite au XVIIe siècle et d'assez mauvais goût, n'offre rien de particulier, si ce n'est qu'elle a eu le bonheur, lors de la récente restauration [de 1882 à 1888 par l'architecte Paul Goût], de conserver ses verrières sur lesquelles se voient les croix pattées des Templiers.

En 1897, G.P. de Ritalongi, dans "les enfeus de l'église de Loctudy", indique que l'église de Loctudy fût [re]bâtie par les soins des barons du Pont. Ils en firent don à l'évêque de Cornouaille, avec stipulation que la nomination des chapelains serait attribuéé à l'évêque et à l'abbé de Rhuys (1223). L'évêque en fit la remise aux Templiers [qui en] firent les restaurations qui lui donnent le style judaïque propre à leurs constructions. Ils durent créer l'abside et les trois chapelles du pourtour qui, à bien examiner, ont été ajoutées après coup.

Selon le Chevalier de Fréminville, l'église de Loctudy aurait été donné à l'Ordre du temple par [le duc de Bretagne] Conan III.

La "question des Templiers" à Loctudy soulève la question des Templiers à Pont l'Abbé. Certains membres des seigneurs du Pont étaient-ils affiliés à l'Ordre du Temple ? Etant donné la promiscuité de l'Ile-Chevalier, cela est possible, mais rien ne l'indique.

L'hypothèse de la présence des Templiers à Loctudy est fortement contestée par E. du Crest de Villeneuve en 1897, qui fustige notamment la notice de R.P. de Ritalongi sur "les enfeus de l'église de Loctudy". A propos de deux assertions contenues dans ce mémoire, des réserves ont été exprimées. M. de Ritalongi dit que l'évêque de Quimper fit remise de l'église de Loctudy aux Templiers, et que ceux-ci, trouvant cet édifice incomplet, en construisirent le choeur et les chapelles absidales. Or, il n'existe aucune pièce [historique] constatant le passage des Templiers à Loctudy. Le choeur et les chapelles absidales sont en style authentique du XIIe siècle et ne peuvent pas dater du XIIIe ou du XIVe. Ils ne sont point du style judaïque, comme le dit M. de Ritalongi, mais de style absolument breton, comme on en trouve des exemplaires dans les absides de Landévennec et de Saint-Gildas-de-Rhuys. Il est vrai qu'on prétend que l'Evêque de Quimper Raynaud, mis en possession de la collégiale de Loctudy par le sire du Pont en 1220, aurait bien pu remettre lui-même cette église aux chevaliers [du Temple]. Mais aucune preuve n'ait [est] apportée. Les Chevaliers du Temple furent apanagés en Bretagne par les Ducs Conan III et Conan IV, de 1140 à 1160. Leurs biens immenses furent intégralement remis à l'ordre de Saint-Jean, après leur suppression en 1308. Or la charte de 1222, citée plus haut (intervenue entre Hervé du Pont et l'Evêque de Cornouailles) dit que les prédécesseurs d'Hervé du Pont, ont toujours joui des biens de Saint-Tudy, depuis la spoliation des moines [suite à la dévastation de l'abbaye par les Normands]. Enfin à partir de 1223, l'évêque de Cornouailles a repris le patronage direct, l'administration de l'église de Saint-Tudy. Il n'y a donc pas de place pour les Templiers. Du reste, les archives de l'ordre de Saint-Jean, ne font aucune mention de Loctudy. Au point de vue archéologique, aucun archéologue n'a jamais trouvé trace dans cette charmante église romane de ce style judaïque sois disant propre aux constructions des Templiers.

Finalement, Guillotin de Corson effectue une synthèse de la "question des Templiers" à Loctudy. Il est de notoriété - écrivait naguère M. Anatole de Barthélémy - que les sires de Pont-l'Abbé eurent la plus grande partie de ce que les Templiers avaient possédé à Loctudy ; ce fait est admis par M. du Châtellier dans son étude sur la châtellenie de Pont-l'Abbé. M. de Fréminville parle de la donation de Loctudy faite par le duc de Bretagne [Conan III] aux Templiers en 1187. La tradition rapporte aux Templiers l'origine de l'église de Loctudy. Mais cette opinion, attribuant aux chevaliers du Temple la construction de la belle église de Loctudy, semble abandonnée aujourd'hui :"Rien au monde - vient d'écrire M. du Crest de Villeneuve - ne peut établir même une présomption en faveur de l'établissement des Templiers à Loctudy. Nous avons recherché avidement dans tous les ouvrages parus sur la spoliation des Templiers, ainsi que dans les archives de Paris et de Poitiers, tous les documents du prieuré d'Aquitaine pouvant nous éclairer sur la question de Loctudy et celle du couvent des Cordeliers de Quimper. Nous n'avons rien trouvé.".

Dans le Morbihan, entre Quimper et Pontivy, la commanderie [templière] de Saint-Tugdual au lieu-dit "La Chapelle de Croisty", a conservé sa belle chapelle en T, ornée de sculptures d'animaux et de scènes de chasse.

Bibliographie :
Voir page bibliographie.

Notes :
(n_01) Ce sous-entendu (flou) indique que le nom de Pont-l'Abbé est en relation avec l'abbaye (détruite) de Loctudy. Selon Du Chatellier, malgré les accords de 1220-1223 avec l'évêque de Cornouailles, les seigneurs de Pont-l'Abbé aurait accaparés en 1308 les biens (écclésiastiques) de Loctudy détenus auparavant par les Templiers.


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